Réactions à une perte brutale ou traumatique

Le chagrin est un processus normal à la suite d’une perte. Lors d’une perte traumatique, le processus est plus compliqué. Les gens qui subissent ce genre de perte sont convaincus qu’ils deviennent fous et n’ont aucune idée comment gérer leurs émotions. Comme pour tout autre chagrin, l’expérience et le processus de deuil varient d’une personne à l’autre.
En général, le chagrin traumatique se produit quand la mort est:

  • soudaine, inattendue et/ou violente
  • causée par les actions d’une autre personne, par un accident, un suicide, un homicide ou toute autre catastrophe
  • de cause naturelle, mais sans maladie connue auparavant

Un décès traumatique ébranle le monde de l’endeuillé(e). C’est une perte qui n’a aucun sens alors que la personne endeuillée tente de comprendre et de trouver un sens à un terrible évènement. La famille cherche des réponses, face au fait que la vie n’est PAS JUSTE. Le monde ne semble pas sûr. Cet ébranlement des certitudes sur le monde et son fonctionnement se combine aux étapes du deuil. Dans de nombreux cas, les croyances spirituelles ne sont plus suffisantes, ce qui devient une perte supplémentaire pour l’endeuillé(e). Au cours des premiers jours, semaines ou mois, l’individu peut passer de périodes d’engourdissement à d’intenses moments émotionnels pendant de courtes durées. En général, il faut deux ans ou davantage pour compléter le travail de deuil et s’adapter à une perte importante. Lorsque la mort est traumatique, cette période peut être plus longue. Avec le temps, l’intensité et la fréquence des périodes douloureuses diminuent.
Les gens peuvent souffrir davantage un an ou plus après le décès. L’engourdissement qui les a aidés à se protéger au cours des premiers mois diminue graduellement et la douleur totale de la perte devient bien réelle. La famille et les amis sont peut-être retournés à leur vie habituelle et leur aident moins. Avec les années, les fêtes et les évènements particuliers à la famille augmentent le chagrin. Lorqu’un évènement brutal similaire se produit, les gens se sentent à nouveau traumatisés ou ils revivent la perte qu’ils avaient subie.
L’engagement dans des procès ou avec le système juridique peut causer des regains de chagrin pendant la durée complète de cet engagement. Lorsque ce genre de chose arrive et qu’il est difficile d’y faire face, c’est peut-être le moment de demander de l’aide professionnelle.

Réactions physiques courantes:

  • crispations ressenties dans la gorge ou la poitrine
  • engourdissements
  • manque de souffle
  • sensibilité aux bruits intenses
  • oublis et difficultés à se concentrer
  • agitation et nervosité qui diminuent avec le temps

Parce qu’un évènement s’est produit sans qu’on puisse le contrôler, les gens ne se sentent plus maîtres d’eux-mêmes. Structurer et suivre une routine quotidienne aidera les gens à se sentir plus maîtres d’eux-mêmes. Il est souvent utile de faire des listes, prendre des notes ou respecter l’emploi du temps.

Réactions émotionnelles courantes:

L’état de choc: L’état de choc physique et émotionnel peut se prolonger. Des souvenirs ou rêves persistents sur l’évènement peuvent se produire pendant plusieurs mois. Écrire ou en parler peut aider à briser le cycle des pensées obsessionnelles.
La peur et l’angoisse: Des activités simples telles prendre une douche, être dans le noir ou ouvrir une porte fermée peuvent causer la peur ou l’angoisse. C’est une réaction normale, mais si l’angoisse persiste et entrave la routine, il est important de consulter un médecin ou un thérapeute.
La culpabilité: Les gens ressentent souvent la culpabilité pour les choses faites ou pas faites, les regrets du passé et la culpabilité parce qu’ils sont encore en vie. Même la prise de conscience que la culpabilité ressentie est émotionnelle, non pas rationnelle, n’aide pas à alléger ces émotions. Quand le sentiment de culpabilité persiste, un groupe de soutien ou un thérapeute peuvent aider à y faire face.
La colère: La colère et la rage viennent du sentiment de faiblesse et d’impuissance que l’on ressent après un décès traumatique et peuvent être accablantes pour les membres de la famille. De nombreux groupes d’aide et de soutien aident à gérer la colère causée par un décès traumatique. De nouveaux rôles sont à apprendre. De nouveaux problèmes doivent être résolus. De nouveaux systèmes, tels que les médias, le système juridique et/ou le système de justice criminelle, font maintenant partie de la vie de l’endeuillé(e). L’adaptation prend du temps et de la patience.

Les facteurs qui augmentent le chagrin:

  • il n’y a pas de confirmation positive de la mort, ou le corps n’a pas été retrouvé
  • on a le corps, mais la famille ne veut pas le voir

Il est donc difficile de se rendre compte que la mort s’est vraiment produite. C’est seulement lorsque la réalité est saisie que les gens peuvent passer du traumatisme à l’expérience complète de la douleur du chagrin. Puisque le décès n’était pas anticipé, les affaires légales et financières peuvent être compliquées. La perte de revenu peut menacer la sécurité de la famille, ce qui s’avère une perte de plus. Le rôle que l’être cher occupait dans la famille est perdu. Il faut du temps pour que la famille se réorganise.

Comment aider:

Au cours des premiers jours et des premières semaines, offrez votre aide concrètement et avec détermination. Bien souvent, la famille endeuillée ne sait pas comment vous pouvez l’aider. Offrez de préparer les repas, de vous occuper des enfants, de répondre au téléphone ou de faire les appels téléphoniques ou d’organiser ce qui doit l’être. Si les médias sont impliqués, la famille a peut-être besoin d’un intermédiaire. Ses membres peuvent se sentir assiégés par cette intrusion. Après quelques mois, le soutien est plus que nécessaire. Laissez du temps aux membres de la famille pour parler de leur chagrin s’ils le souhaitent, et soyez prêt à écouter. En général, cela ne sert pas aux endeuillé(e)s d’entendre parler de vos propres pertes, à moins que les circonstances soient similaires. Demandez quelle aide vous pouvez apporter. Le cas échéant, vous pouvez suggérer d’aller avec eux rencontrer un groupe de soutien. Rappelez-vous des anniversaires de mariage, des fêtes ou de la fête de la personne décédée. Ces jours sont difficiles et les gens veulent s’assurer qu’on se souvient de leur être cher. Si les familles sont occupées des années durant par des procédures juridiques, proposez votre aide et votre soutien pendant les moments critiques. Aidez-les à trouver les possibilités d’aide et de soutien aux victimes et aux familles. La chose la plus importante est d’accepter leur travail de deuil pour ce qu’il est : un processus. Laissez-les faire leur deuil à leur manière.